Ces dernières années, divers cadres contractuels organisent le mécénat d’entreprise, qui progresse au sein de l’économie sociale et solidaire (ESS). Les ONG liées aux entreprises doivent-elles avoir le même statut que celles qui sont autonomes ?
Les modalités de partenariat et de coconstruction avec les ONG induisent encore des divergences de fond sur les finalités recherchées par chaque acteur. Les partenariats gagneraient à plus de transparence en recourant à des mesures concrètes d’évaluation d’impact social relatives à l’intérêt général. De plus, la constitution de comités d’éthique au sein des ONG, totalement indépendants du cœur d’activité et de la gouvernance, limiterait les contradictions.
La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) leur permet d’entraîner les associations dans leur logique de retour sur investissement et dans leur conception de “l’expertise et de l’agilité”. Elle est mise en avant pour promouvoir les actions des entreprises auprès du grand public, pour remporter l’adhésion de leurs propres salariés et pour légitimer leur engagement social et solidaire auprès de leur partenaire associatif.
À contrario, les articles de loi qui présentent des obligations pour les entreprises sont combattus par le Medef, une opposition qui ne joue pas en faveur de celles-ci.
Les ONG, de leur côté, ont toujours du mal à gérer leurs discordances internes entre plaidoyer et collecte. La recherche d’efficacité les a conduites à recruter des profils “formatés” à l’économie marchande pour leurs services marketing et communication. Des dissonances entre la finalité idéologique recherchée et les moyens publicitaires utilisés en résultent.
Si aujourd’hui certaines ONG souhaitent marquer leur différence de philosophie par rapport aux entreprises marchandes et retrouver une forme d’indépendance financière, elles se doivent aussi d’être plus cohérentes dans leur fonctionnement et dans le choix de leurs soutiens.
Avec leur capacité à fournir des moyens rapidement, les entreprises demeurent des partenaires indispensables pour des ONG qui ont besoin de “flexibilité” dans leur fonctionnement.
Le contexte économique évolutif génère une multiplicité de points de vue, et l’éthique se construit au même rythme que les partenariats. Chaque ONG choisit des partenaires en fonction de ses propres intérêts et valeurs. Cela se fera-t-il au détriment de l’intérêt général ?