« Les réseaux sociaux donnent l’impression d’une éruption plus spontanée et plus diversifiée en shuntant ces canaux plus structurés, plus habituels qu’étaient le monde associatif, syndical et politique », et Marie-Noëlle Lienemann de poursuivre : « Est-ce un bien, est-ce un mal ? En tout cas ce qui est clair, c’est que cela a élargi le champ des motivés, des gens qui sont capables de se mettre en mouvement et d’échanger sur le fond. Les réseaux sociaux donnent l’impression d’une image des mobilisations plus dispersée, plus autonome de chaque individu, moins collective. Il en découle une impression d’éphémère et de moins solide. »
A un véritable engagement a succédé un sentiment démocratique fort, résume Sylvie Ollitrault, directrice de recherche au CNRS, spécialiste des mouvements écologistes et environnementaux et des ONG, avec « mille et une manières spontanées de se sentir citoyen au XXIe siècle. »
L’arrivée des réseaux sociaux a eu un effet très puissant sur les mobilisations citoyennes, tout en les fragilisant. L’universitaire américaine, Zeynep Tufekci, a étudié les protestations et les mouvements sociaux qui secouent la planète. L’autrice de Twitter and Tear Gas : the Power and Fragility of Networked Protest, observe qu’Internet facilite l’organisation des révolutions sociales, mais en compromet la victoire. Et de prendre pour exemple la différence entre d’une part la foule réunie autour de Martin Luther King, en 1963, lors de son discours « I have a dream », après plusieurs années de lutte pour les droits civiques et d’autre part les marches d’Occupy Wall Street écloses en 2011.