Associations et digital

Vaincre ou mourir ?

La question d’une communication responsable et éthique occupe une place importante dans la sphère des ONG. Viennent s’y greffer les débats sur la digitalisation et la dématérialisation. Certains parlent d’un risque de « kodakisation », à l’image d’une transition ratée de l’argentique vers le numérique. Pas facile pour les ONG de s’approprier les outils digitaux sans marginaliser leurs valeurs citoyennes. Les « influenceurs », acteurs majeurs au service des marques, ont mis la main sur une partie du monde associatif, laissant entendre qu’un marketing social et solidaire était possible, voire nécessaire.

Comment concilier émancipation sociale et pratique d’une communication digitale à forte connotation commerciale ? Un questionnement qui fut au cœur des Rencontres de la communication solidaire, dont vous trouverez ici une restitution par les stagiaires de la filière communication de l’Émi.

François Longérinas, directeur général de l’Émi, coopérative de formation professionnelle

#BalanceTonHashtag

Une bonne ligne de code

Influenceurs :

de Bob Geldof à Jérôme Jarre ?

TechForGood

GoodForQui ?

Dans un contexte de crise et de retrait de l’État, les médias numériques sont des outils précieux qui accompagnent la prise de conscience de la responsabilité sociale des ONG, des entreprises et des citoyens. La visibilité des agents de l’aide, leurs mobilisations sont portées par les réseaux sociaux depuis les débuts d’Internet. Ces acteurs sont de deux types : les grandes entreprises et les hackeurs, à la fois rois du code et héritiers d’une utopie de partage et d’égalité. Tous savent que l’agilité intellectuelle et créative, la taille humaine, le contact direct sont privilégiés par les citoyens, qu’ils soient influenceurs ou bénéficiaires de l’aide. « Likes save lives » ? Oui, à condition d’avoir les codes : codes informatiques, mais aussi codes d’une nouvelle génération qui aspire à des ONG responsables. Digitale ou non, leur communication peut fabriquer de l’émotion éphémère, dépolitiser les enjeux sociétaux, aseptiser une réalité sociale dont la complexité ne peut être rendue par les écrans.

Tourya Guaaybess, membre de l’Observatoire de la communication solidaire, chercheuse au Centre de recherche sur les médiations (CREM) et maître de conférences en sciences de l’information et de la communication à l’université de Lorraine, Nancy