De 1968 à 2018, un demi-siècle a vu émerger puis s’accélérer la mutation numérique, faisant des réseaux sociaux un vecteur central des mouvements de la société.
Les « corps intermédiaires », notamment les organisations syndicales et les réseaux associatifs, semblent avoir perdu une grande part de leur influence.
Mai 68, à la surprise des sphères dirigeantes, émerge à l’initiative de groupes militants actifs et peu nombreux, tels que le Mouvement du 22 mars. L’étincelle a cependant mis le feu à la plaine par la puissance des syndicats étudiants et enseignants, puis du mouvement ouvrier. Le pays sera totalement bloqué jusqu’à l’obtention des acquis sociaux des Accords de Grenelle.
Les outils de la communication digitale ont depuis révolutionné les processus de mobilisation citoyenne. Des pays du Maghreb à Nuit debout, jusqu’aux Gilets jaunes et aux mobilisations Climat, les réseaux sociaux sont aujourd’hui les armes privilégiées de tout combat collectif…
Les appels sur les plates-formes numériques, à l’image de « l’Affaire du Siècle », rassemblent des millions de signataires… mais l’espace public, via les manifestations de rue, demeure encore un cadre permettant de développer un rapport de forces.
A l’heure où la question climatique met sur la table la question de la survie de l’humanité, les modes de mobilisation sont déterminants. La perspective d’une justice sociale et environnementale nécessite une coopération mondiale. À l’opposé d’une logique concurrentielle, qui pourrait voir disparaître une partie des populations de la Planète… Comment articuler engagement individuel et transformation de la société ? Tel est l’enjeu de la période actuelle.